Le terme atelier provient du vieux français « l’astelier » qui désignait la zone de découpe du bois et la limite de dispersion des copeaux. On est au bon endroit pour façonner des matières à l’aide d’outils afin aboutir à une production. Et au passage, ajouter une expérience à notre catalogue. C’est dans ce processus et parce que la matière nous résiste que des compétences circulent, des savoirs des transmettent, s’inventent, des sens se construisent, nos perceptions de la réalité bougent… Antoine de Saint-Exupéry en parlait ainsi : « La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. Mais, pour l’atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot, ou une charrue. Le paysan, dans son labour, arrache peu à peu quelques secrets à la nature, et la vérité qu’il en dégage est universelle. De même l’avion, l’outil des lignes aériennes, mêle l’homme à tous les vieux problèmes »
C’est aussi une l’occasion de se reconnecter aux choses simples. Chez ma grand-mère couturière, j’ai observé un parti prit des choses. Le temps d’un façonnage soigné est incompressible. De A à Z, toutes les étapes sont réalisées sans division du travail. C’est sur-mesure. La quantité est en lien avec le besoin et non le profit. La qualité est essentielle car elle doit durer dans le temps. Un équilibre fond, forme, utilitaire esthétique occupe une place centrale. Tout est local.
Concrètement, mes ateliers se construisent autour de jeux qui permettent l’exploration de matières et d’outils. Comme l’artisan, petit à petit on assemble, on façonne, on affine pour aboutir à des productions. Dans ce processus, des compétences circulent, des savoirs se transmettent, des sens se construisent, des représentations bougent… On évolue entre création, transmission, production, diffusion, rencontres humaines, représentations… Il n’est pas simplement artistique, pédagogique, social, socioculturel, thérapeutique… il est un peu de tout ça à la fois, il est humain. C’est faire l’expérience d’une situation qui n’est pas découpée en cases, mais où on crée des liens, on construit, on évolue entre ces différentes dimensions. L’atelier ouvre un espace esthétique où une cohérence humaine de travail non sectorisé va pouvoir se développer, produisant ainsi à travers les matières travaillées, non seulement des formes concrètes (disques, spectacles…), mais aussi des sens, des compétences qui nous construisent et nous transforment.