Petit, j’avais sur le sol de ma chambre des tas de bouts de jouets, de trucs et de machins en tout genre. Des pièces de legos, des morceaux de Playmobil, des restes de figurines de jeux de société, des crayons de couleurs cassés, des dinosaures en plastiques à qui il manquait une patte… Je me fabriquais des histoires en les assemblant à grand renfort de ficelles, de scotch ou d’une quelconque matière un peu collante. Alors sous la lumière des saisons traversant la fenêtre près du lit, naissaient des aventures de pirates dans l’espace sur des trains à voiles qui rencontraient des animaux préhistoriques dans des soucoupes volantes. Mon grand plaisir était de ramasser des trucs abandonnés dans la rue car une intuition me prédisait à coup sûr, la fonction capitale du bout de machin amoché et sale gisant sur le sol, pour une histoire de la plus haute importance qui n’existait pas encore. Le seule partie difficile de l’opération était de faire atterrir ce trésor dans ma poche. Cela nécessitait discrétion et diversion. En effet, l’article 2, paragraphe 4, alinéa 8, de la loi de propreté maximale éditée par ma maman, encadrait durement la pratique du ramassage des trucs par terre crados et moches, dans la rue. Heureusement comme toutes les lois, elle pouvait se contourner et avec un peu d’habileté, l’objet récupéré devenait en trois coups de pots à crayons, la nouvelle arme du super méchant ou l’arrière d’un avion à turbo spatial hélicoptère qui atterrit sur une base secrète de la lune. Aujourd’hui, seul à changé la nature des pièces du puzzle qui s’assemblent pour former une histoire. Mais elles sont toujours un détour, un subterfuge pour prendre la route, des aventures, de soi, des autres et de toutes ces choses qui valsent des pas à mille temps sous nos caboches.