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Puzzle de Genre Musicaux

Traverser les frontières des genres musicaux

Si je devais vider mes poches, on y trouverait plein de morceaux de genre musicaux, ceux que le hasard des choses et des saisons ont fait résonner en moi. D’abord (peut-être parce que mon grand-père s’appelait Louis), la grande famille du Rythm’n Blues et du Boogie et sa brochette de Louis (Armstrong, Jordan, Prima…) où se mélange la spontanéité, le brut, une énergie débordante qui semble répondre à la rudesse de la vie par la joie des notes, des couleurs chaudes et des ambiances feutrées autour d’un verre avec les copains. Ensuite, des bouts de vieux Jazz américains, comme ceux des anciens Disney des frères Sherman ou Floyd Huddleston. Des airs d’animaux drôles et déjantés, d’oreiller douillet, de cette légèreté des souvenirs d’enfance qui m’entrainait au de-là des carreaux de ma fenêtre où le vent de l’hiver faisait zigzaguer les fumées entre les cheminées des toits de la ville. Érik Satie et son épuration lunaire des notes, ses indications d’interprétations loufoques, ses ambiances suspendues à l’époque des allumeurs de réverbères et des ramoneurs quand le soir tombe, que la brume et la bruine envahissent les ruelles pavées et les renfoncements des arrière-cours. . Le Jazz manouche, avec évidement Django et ses accords de guitares aux couleurs de sorcières et la facilité déconcertante de nous embarquer dans des histoires juste avec des notes. Ce son précis et virevoltant, à la fois solide et fragile, comme une improvisation s’échappant de longues heures d’écriture à la lumière d’une bougie, comme le chat qui finit toujours par retomber sur ces pattes. Mais on trouverait aussi dans mes poches, le Rap old school de Cypress Hill ou House of Pain, cet art du beat  grossier qui claque, du sampling qui traite sans distinction Mozart comme le Klaxon des embouteillages New-Yorkais au milieu de mélodies de contrebasse folles et foutraques, qui  avec seulement 4 notes vous donne l’envie irrésistible de danser n’importe comment, en sautant partout. J’aurai aussi une poche d’ambiances de films aux teintes féériques, étranges, de boites à musiques à la Danny Elfman, Jack the Ripper ou rétro – déjantées à la Messer Chups, Nino Rota ou Émir Kusturica. J’aurai une poche spéciale, une à l’arrière sur laquelle je m’assois, avec tonton Georges et Bourville. Leur virtuosité de la chanson sans prétention, simple et croustillante, un mélange de profondeur et de légèreté, de l’art du détour en allant droit au but : la précision des mots qui frappent forts sur des notes douces. Et puis, j’aurai une poche dans une autre langue, celle de la Folk aux ambiances d’airs nocturnes de Matt Elliot, Timber Timber ou de Nick Cave.  Leurs ritournelles planantes et sombres, l’orchestration épurée et puissante, ces comptines pour adultes où le groove des mots danse avec celui des notes. Et dans cette même poche, il y aurait pour équilibrer, la Disco – Dance des années 80’ & 90’ des Village People, de Gala, Snap ou Dr. Alban. La puissance du second degré, du décalage, du kitch, ces lignes de basses jouant avec l’octave, ces synthés « too much »… cet art génial du « trop » qui repousse au loin, les murs qui obstruent la lumière. L’Électro Minimaliste des contrées du nord (Amiina, Ben Frost…) avec ses couleurs polaires et envoutantes, son air soufflant un froid qui réchauffe comme l’aube qui tire de sa torpeur les étendues enneigées pour accueillir le soleil de l’hiver. Le Punk – Grunge – Rock, avec Nirvana, Tom Waits, Radiohead, Godspeed You! Black Emperor, The Doors… cette grande famille du brutal et sauvage, des potards à fond, des hypersensibles à la disto affutée, sale et poisseuse, comme quand les vagues de la mer déchainée submergent tout, sur leurs passages. Ma dernière poche, serait pleine de ces musiques d’ailleurs, de pays où il fait très chaud, très froid, très humide ou très sec. Là où la musique n’entre pas bien dans nos cases de bac à disques et n’obéit à nos règles Là où le sacré,  la  transe, la nature, le temps différent ont toute leur place : les chants diphoniques Mongols de Yat-Kah, l’Éthio—Jazz de Mulatu Astatke, les ambiances orientales autour d’un thé et d’un Guzheng, le Santour Perse ou encore le Fado qui dévale les  pentes de Lisbonne. 

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© photos Margaux Martin’s et Vincent Marque

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